Une décennie marquée par les années 1970.

Tout le long des années 70, les codes esthétiques d’écriture de la chanson française se caractérisent essentiellement par l’importante donnée à la voix soliste, à l’usage de tempos ralentis, à la profondeur et l’introspection des thèmes abordés dans les textes. Vers la fin de la décennie, l’explosion de l’emploi dans la variété française des synthétiseurs et des batteries électroniques, couplée à l’écriture de textes de chansons plus légers et portés à la dérision, chamboule ces codes esthétiques jusqu’alors en usage pour la plupart des artistes établis.

Pourtant, s’il s’agit bien d’un bouleversement, ça n’est pas une rupture définitive d’avec les crédos de composition utilisés pendant les années précédentes. Au début des années 1980, ces codes esthétiques des années 70 sont encore en toute puissance. Ainsi Jairo, avec « Les jardins du ciel », offre en 1980 une magnifique ballade encore très « typée » 70, nourrie d’un imaginaire débordant, que porte sa superbe voix lyrique, toute en majesté. Richard Cocciante, avec « Le coup de soleil », signe la même année une mélodie toute en pathos et repentir.

Ces canons esthétiques ont profondément marqué leur temps, et vont continuer à imprégner les créations tout le long de la décennie 80. De nombreux artistes vont alors pouvoir se faire connaître, et s’affirmer, en usant de cette balance entre un style ou un autre, appuyant plus sur l’ancien que sur le nouveau, ou panachant l’un avec l’autre, assumant parfois même un vrai retour aux sources, un véritable « revival 70 » au plus fort de la décennie 80.

Ainsi François Valéry, qui avait émergé dès l’année 1974 en s’inscrivant résolument sous l’influence esthétique tutélaire de Claude François, connait encore un franc succès en 1983 avec « Elle danse, Marie », riche d’accents disco assumés. Rose Laurens, avec « Africa », entame en 1982 une série de tubes. Bibie, en 1985, chavire les audiences avec « Tout doucement », une bouleversante mélodie toute en confidences.

Vers la toute fin de la décennie 80, l’empreinte des années 70 est encore remarquable. La jeune Patsy, avec « Liverpool », livre en 1988 un chant mi-mélancolique, mi-enjoué, et tout en demi-teintes. Et, à l’image des grands duos des années 70 florissantes (Sheila et Ringo, Stone et Charden,…), le tandem un peu oublié d’Elodie et Bruno, avec « Ne me laisse plus seul » (1989), nous replonge dans une atmosphère rétro. Quant à Jean-Pierre François, la même année, dans « Je te survivrai », il semble concilier avec aisance tous les styles, assumant un look, une voix et un texte très orienté 70’s, à une musique débordante de synthés et rythmiques électroniques modernes.

Les années 80 se terminent. Une nouvelle esthétique va s’ébauchant, qui tourne la page des 80’s et marquera la décennie suivante. Fascinantes années 80 musicales, qui semblaient pouvoir absorber tous les styles, toutes les trouvailles créatives, tous les paradoxes musicaux, et qui restent comme un temps où toutes les audaces étaient permises.