Punk rock français et jeunesse contestataire.
Le milieu des années 1970 voit l’essor dans le monde d’une contre-culture d’un genre nouveau, le mouvement punk, qui se caractérise par une radicalisation esthétique contestataire qui prend le pas sur la mouvance hippie de la décennie précédente. Le mouvement punk, centré sur le courant musical punk rock, s’appuie sur plusieurs formes d’expression, incluant la mode, les arts visuels, la littérature, le cinéma et, en premier plan, la musique.
La musique punk rock est une musique dérivant du rock, rapide et rythmée, usant d’une instrumentation simplifiée pour l’écriture de chansons courtes, portant des messages à teneur politique fortement nihiliste et antisystème. Les groupes se revendiquant du punk rock sont légion et trouvent une audience exaltée dans la jeunesse urbaine des grandes agglomérations touchées par les crises et les tensions sociales croissantes.
En France, dès le milieu de la décennie 70, le punk rock fait de nombreux émules, et plusieurs formations musicales se revendiquent du courant, à l’image d’Asphalt Jungle, ou de Métal Urbain, précurseurs, entre autres, du punk français, mais dont l’audience reste confidentielle.
La libéralisation des radios au tout début des années 80, avec l’arrivée de la gauche mitterrandienne au pouvoir, va avoir un effet dynamisant sur ce genre musical jusqu’alors réservé aux petites salles de concerts et aux labels indépendants et va œuvrer à promouvoir une toute une nouvelle scène à l’esprit dénonçant l’ordre établi, qui va révolutionner l’espace musical de la décennie à venir.
Le début des années 80 se caractérise ainsi par l’essor de formations bien ancrées dans l’esthétique punk rock des groupes anglo-saxons de la deuxième moitié des années 70. La Souris déglinguée (« Garçon moderne », 1980) et Strychnine (« Ex.Bx », 1980) en sont deux fleurons de l’époque. Quant à Trust, qui croise ses références punk avec celles du hard-rock, il décoche en 1980 un brûlot contestataire ravageur avec « Antisocial ».
Les années suivantes voient l’émergence de groupes de punk français qui s’imposeront comme des références auprès de la jeunesse et seront rapidement accrédités par les médias, à l’image de Bérurier noir (« Lobotomie », 1984) et des Garçons bouchers (« La bière », 1987). Toute une scène underground continue en parallèle d’explorer de nouvelles voies créatives, à l’image du météore Seconde chambre (« Victoires prochaines », 1986). De nombreux groupes en viennent quant à eux à prôner la dérision, comme les montpelliérains d’OTH (« Le rap des Rapetou », 1986), voir l’autodérision comme Ludwig von 88 (« les Iroquois à cheveux verts », 1986).
A partir du milieu de la décennie 80, la scène punk française va progressivement s’ouvrir à de nouvelles influences. Les Wampas mêleront ainsi des accents de rockabilly à leurs racines punk (« Dracu bop », 1986), et La Mano Negra, bien ancrée dans la mouvance punk à ses débuts, s’ouvrira progressivement aux musiques du monde (« Ronde de nuit », 1988).
La scène punk rock française des années 80 est une scène dynamique, créative, irrévérencieuse et regorgeant de pépites, dont l’énergie dévastatrice irriguera toutes les tendances esthétiques musicales de la décennie, avec des répercussions perceptibles sur les décennies suivantes.