Une compilation originale des Stones.

 

Une compile des isséens qui a un peu pâti de l’absence du café musical final départageant certains morceaux, bien que l’enquête en ligne ait bénéficié de réponses suffisantes pour proposer un résultat en 15 morceaux, qui comme auparavant, se construit en liant trois approches : des morceaux studio trop méconnus, entourés de grands succès mais dans des versions live de qualité et des reprises tenant tête aux chansons originelles. Nous espérons le résultat représentatif et pouvant plaire autant au fan du groupe que le curieux, et à la mesure d’une carrière assez extraordinaire dans l’histoire du rock.  Les plus mordus peuvent emprunter l’ouvrage aussi pesant qu’exégétique suivant pour connaitre maintes informations sur les quelques 400 morceaux des Rolling Stones, une somme incroyable.

 Découvrez également notre café musical à écouter en replay : L'épopée des Rolling Stones (disponible jusqu'au 11 avril 2021)

 

Les morceaux choisis :

 

1. The last time (reprise)

1965. Single. Reprise par le Andrew Oldham Orchestra.

Une des quatre reprises les mieux notés du questionnaire en ligne. Instrumental idéal pour l’ouverture de la compilation et à l’histoire mouvementée. Le thème imparable qui domine cette reprise fut utilisé plus récemment par le groupe The Verve pour son hit au succès international fulgurant : Bitter Sweet symphony. Rapacité oblige un agent de maison de disque contesta l’accord initial obtenu par les Verve avec les ayants droits.  Il a fallu partager  la pactole mais l’ironie de l’histoire est que le compositeur du thème David Whitaker n’a lui pas touché un sou et que la chanson des Stones elle-même est plus qu’inspirée d’un morceau du groupe gospel The Staple singers

 

2. Under my thumb (live, 1981)

1966. Album d’origine : Aftermath. Version live de l’album Still Life, an american concert, 1981.

Prototype des morceaux motoriques des Stones tels les futurs ultra-tubes « Brown sugar » et autres « Start me up », cette version live, si elle manque de l’originalité première apportée par Brian Jones avec l’utilisation de marimbas,  permet d’apprécier le jeu en miroir de Keith Richards et Ron Wood, en parfaite osmose avec le chant de Mick Jagger, qui aurait peut être un peu plus de mal à aborder le thème choisi ici de nos jours : « elle est sous ma coupe… ». Autres temps… 

 

3. Midnight rambler (live, 1973)

1969. Album d’origine : Let it bleed. Version live 1973 à Bruxelles.

Ce blues rock endiablé notamment dans cette longue version live à la partie instrumentale très développée laisse mal deviner son thème. Il sagit en effet de l’évocation de l’étrangleur de Boston qui a sévi  de 1962 à 1964. Jagger se met dans la peau de ce rôdeur de minuit avec aisance, mais d’aucun penseront qu’il a fait « pire » en faisant de même avec Satan lui-même pour un des tubes emblématique des Stones non présent ici et dont la reprise par Motörhead a obtenu des avis trop partagés sur le questionnaire en ligne, malgré un Lemmy plus calme que d’habitude !  A noter également : le dérangeant, excellent bien que méconnu film de Richard Fleisher sur le serial killer avec un Tony Curtis à contre-emploi, littéralement glaçant.

 

4. Gimme shelter (live, avec Lisa Fisher)

 

1966. Album d’origine : Let it bleed. Version live, années 90.

La chanteuse Lisa Fisher a accompagné les Stones sur scène en tant que choriste entre 1989 et 2015, parallèlement à sa carrière solo de chanteuse R & B qui culmine dans les années 90. Jagger partage ici le « lead vocals » avec elle pour un résultat fort convainquant pour ce classique, même si le fort inventif riff initial trouvé par Richards est moins mis à l’honneur. 

 

5. Wild Horses (acoustique)

1971. Album d’origine : Sticky fingers. Version acoustique de l’album Stripped, 1995. Studio EMI-Toshiba, Japon.

Ce classique des ballades du groupe gagne a être connu également dans sa version plus tardive de part l’émotion dégagée par la voix de Jagger. Notons aussi que la reprise « par avance ! » sortie dès avril 1970 par un ami du groupe : Gram Parsons, vaut aussi son pesant de cacahouètes et peut dignement figurer près de la performance de notre combo, avec son ambiance plus country.

 

6. 100 years ago

 

1973. Album : Goats head soup.

Ce morceau méconnu vaut le détour par l’utilisation dans son intro et en dernière section du clavinet popularisé un an auparavant par Stevie Wonder. Mais également la variété des rythmes jalonnant le morceau, en trois parties et l’utilisation également inspirée de la pédale wah-wah par Mick Taylor. Une construction structurellement assez complexe dont les Stones n’ont pas spécialement l’habitude, leur art étant en général plus direct.

 

7. Waiting on a friend (live, 1981)

1981. Album d’origine : Tattoo you, version live de 1981.

Cette chanson fut le deuxième single issu de l’album, mais le premier reste bien plus connu (Start me up). Cette version live a deux originalités : le saxophone plus en lumière d’Ernie Watts par rapport à la version studio (avec Sonny rollins s’il vous plaît…) et le fait que ce concert est également le tout premier de l’histoire a être diffusé en « paiement à la carte » par la télévision U.S.

 

8. Wandering spirit (album solo)

1993. Album d’origine éponyme de Mick Jagger.

Seul morceau solo issu du questionnaire, issu du 3eme album de Jagger en tant que soliste, ce blues rock subtil voit le chanteur au meilleur de sa forme vocale.  Cet album est par ailleurs reconnu comme le meilleur du chanteur en tant que soliste, d’aucuns en feraient même un excellent album des Stones. 

 

9. Might as well get juiced

1997. Album : Bridges to Babylon.

Mick se retrouve entouré de synthétiseurs et fait joujou. Ce qui pourrait apparaître comme une tentative osée voire périlleuse en fait un des morceaux les plus intéressants des derniers Stones : un électro-blues improbable mais fort original. La voix de Jagger n’est pas en reste avec plusieurs descentes dans les graves du meilleur effet, John Lee Hooker mis au goût du jour en quelque sorte.

 

10. I can’t quit you baby (reprise par les Stones)

2016. album : Blue and lonesome. Reprise de Willie Dixon, 1956.

Ce classique blues mis en valeur aussi par les Led Zeppelin atteint un équilibre parfait et est le morceau préféré de Ron Wood pour cet album de reprises par les Stones, qui semblent boucler une boucle avec leur début de carrière parsemé de nombreuses reprises de bluesmen. Il faut dire que le complice à la guitare invité sur ce morceau n’est autre qu’Eric Clapton…

 

11. Let’s spend the night together (reprise)

1967. Single. Reprise de David Bowie, album Aladdin sane, 1973.

1973, Bowie au centre de sa période « Ziggy Stardust» sort son album le plus stonien, (Watch that man, the Jean genie…), quoi de plus naturel que cet hommage aux maîtres même si ici il semble vouloir les dépasser, égo d’artiste ? Réussite totale en tout cas, portée par le piano fulgurant du jazzy Mike Garson et la guitare de Mick Ronson, qui amènent Bowie à se transcender.  Réussite suffisante en tout cas pour en faire un autre single de l’album.

 

12. Jumpin’ Jack flash (reprise)

1968. Single. Version avec Aretha Franklin, 1986.

Cette version permet d’apprécier une des quatre voix féminines présentes sur cette playlist dans une version associant Keith Richards à cette grande chanteuse. C’est également la version utilisée dans le film du même nom. Comme le raconte Richards, l’origine spontanée de la chanson est issue d’une discussion entre Richards et Jagger lorsque le jardinier du premier fait entendre des bruits mystérieux avec ses bottes en caoutchouc. Jagger « qu’est ce que c’est ? » Richards : « Jack Ryder mon jardinier…Jumpin’ Jack ». Jagger : « Flash ». Pourtant le riff instrumental inoubliable serait l’œuvre du bassiste Bill Wyman, non crédité !       

 

13. 2000  light years from home (reprise)

1967. Album d’origine : Their satanic majesties request. Reprise par The Danse Society, 1984.

Cette reprise d’un groupe sans doute trop méconnu car oscillant entre pop et cold wave sans réellement trouver un vaste public, sans doute à cause de cet entre-deux d’ailleurs, dépasse peut être l’original des Stones issu de l’album devant répondre au « Sgt Peppers » des Beatles, seule tentative du groupe d’ailleurs dans le rock dit psychédélique. Mais est-il raisonnable de chasser son art naturel pour entrer en compétition ?

 

14. Honky tonk woman (reprise)

1969. Single. Version Tina Turner, live 1982.

1969 fut une année charnière dans la carrière des Stones, marquée à la fois par la mort du guitariste Brian Jones et une tournée mémorable aux states ponctué par un live d’anthologie. Une tournée commencée dans l’allégresse mais ternie par un dernier concert et la mort de Meredith Hunter, spectateur victime du service de sécurité bien trop zélé, même si l’homme était armé.  Cette tournée avait aussi l’originalité de voir les Stones dans la première partie des concerts jouer avec Ike et Tina Turner, Jagger ayant retenu d’ailleurs quelques mouvements de danse de Tina à cette occasion. Seule, elle se débrouille en effet très bien avec cette reprise, pour un morceau ayant par ailleurs une origine bien moins électrique et plus « bayou ».

 

15. Time waits for no one

1974. Album : It’s only rock’n’roll, 1974.

Sans conteste une des plus belles ballades du groupe, le morceau préféré du guitariste Mick Taylor avec un superbe solo à la Carlos Santana, pris sur le vif, l’alliance parfaite de tous les éléments d’une chanson réussie avec un équilibre voix / instruments frisant la perfection,  une conclusion au thème nostalgique adéquate pour ce voyage relativement court mais nous l’espérons vivifiant en terres stoniennes.