Sublimer les sentiments.

Polar, comédie, thriller, drame, romance, mais aussi western et space opéra : il a tout fait ou presque, sans jamais pour autant quitter le cinéma hexagonal. Né en 1972 à Lorient, Erwann Kermorvant est riche de ses influences diverses aussi bien issues de sa formation classique au Conservatoire de Lorient et dans diverses écoles de musique (Dick Groive School puis UCLA), de ses années de pratique de la clarinette que de ses goûts personnels pour le rock des années 70, la musique classique, la pop, l’électro et le rock progressif. Citons par exemple, quelques influences venant d’autres compositeurs de musiques de films : Raymond Lefèvre (« Jo »), Ennio Morricone (« Indagine Su Un Cittadino Al Di Sopra Di Ogni Sospetto »), Bernard Herrmann, John Williams (« E.T. »), Lalo Schifrin, James Horner, Jerry Goldsmith. Des influences rock, à l’image des Pink Floyd et de Deep Purple avec « Highway star ». Mais aussi du classique avec Prokofiev, Stravinsky, Aaron Copland et son « Appalachian Spring: Moderato; Coda ».

Dans une interview récente de 2021 suite à la récompense reçue en tant que Grand Prix SACEM 2021 de la musique pour l’image, Erwann Kermorvant évoque sa conception de la musique de film, la définissant comme « un exhausteur de sentiments », ajoutant que « le but du jeu est de toujours raconter quelque chose qui n’est pas dans l’image ou qui n’est pas dans le dialogue et d’accompagner la narration ».

Parmi les partitions les plus connues du compositeur, figurent celles pour plusieurs comédies réalisées par Eric Lartigau (« Mais qui a tué Pamela Rose ? » en 2003 qui fait des références évidentes à Ennio Morricone notamment avec l’utilisation de certains instruments, « Un ticket pour l'espace » en 2005, « Prête-moi ta main » en 2006), et Lucien Jean-Baptiste (« La Première étoile » en 2009 et « Deuxième étoile » en 2017), ainsi que celles de polars réalisés par Olivier Marchal (« 36 Quai des Orfèvres » en 2004, « Les Lyonnais » en 2011, « Carbone » en 2017). En 2012, il a également signé la musique d’une romance, le premier film de Marie-Castille Mention-Schaar, « Ma première fois ».

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Au gré de ses compositions, Erwann Kermorvant navigue aisément entre des sonorités électro (« 36 quai des orfèvres »), rock (« L’enquête » en 2015, la série « Section zéro » en 2016 ou encore « Braquo », B.O. toute en guitare et batterie pour mettre dans l’ambiance de cette série policière) et des partitions plus proches du symphonisme hollywoodien (« Un ticket pour l’espace » dont la B.O. est interprétée par le Bulgarian Symphony Orchestra). Pour « Big City » (2007), film autour des cowboys avec des enfants, il fait intervenir un orchestre avec des morceaux qui pourraient rappeler Danny Elfman sur les côté gothiques et noirs entremêlés avec des passages plus humoristiques faisant parfois référence à la musique de cirque. En 2017, pour « Carbone », le compositeur s’essaye également aux sonorités jazz avec le titre « Easy ». En 2021, sollicité pour la bande originale de l’adaptation française de la série « Luther », il prend le parti de recourir à des sons lourds de percussions électro qui cadrent parfaitement avec l’histoire, mais il a aussi choisi une utilisation des cordes pour montrer l’urgence, en particulier sur le titre « Pendulum ».